L’école d’architecture de Versailles se situe dans l’une des deux écuries royales faisant face au Château. En la parcourant une étrange présence se manifeste très ponctuellement.  

La Galerie des sculptures et des moulages est entourée par l’école et a une position centrale en rez-de-chaussée. Y sont conservées la gypsothèque du département des Antiquités du Musée du Louvre, ainsi que des sculptures en marbre retirées des jardins du Château pour les protéger des intempéries en vue de leur remplacement par des reproductions en plâtre. Régulièrement ont lieu dans la Galerie ce qui est appelé des « chantiers » par les restaurateurs. Au cœur de la rotonde, sous les projecteurs, est réalisé le moulage d’une sculpture en vue de sa reproduction dans d’autres ateliers.

Ouverte très occasionnellement la Gypsothèque sait se faire oublier. Il existe très peu de relations visuelles avec l’école, mais certaines zones de friction dévoilent des indices de cette cohabitation silencieuse. Des statues qui se cachent et d’autres qui s’exposent à la vue, qui sont en transition, en attente d’aller ailleurs. Un lieu qui semble si proche et qui pourtant n’est presque pas accessible. La Galerie se fait discrète et sait se faire oublier.

Visible à travers les fenêtres situées le long de son périmètre ainsi que celles en partie haute de la rotonde, cette fine limite laisse deviner par endroits les chefs-d’œuvre situés dans la Galerie. D’une enveloppe à une autre, de celle aux baies répétitives de l’architecture, à celle ultra spécifique des moules épousant le moindre grain des statues. C’est alors un dialogue entre le contenant et le contenu, entre sérialité et unicité. 


Latone aux doigts coupés - 2019