A Beyrouth, les immeubles traditionnels en ruines, porteurs des stigmates de la guerre civile (1975-1990), disparaissent peu à peu. Le renouvellement urbain s’accélère et se caractérise par une forte spéculation foncière, provoquant un changement d’échelle au sein de la ville. Mené par des investisseurs privés qui rachètent plusieurs parcelles contigües jusqu’à posséder l’îlot entier, la multitude d’immeubles à trois étages sont peu à peu remplacés par de grandes tours vitrées, caractéristiques de la nouvelle skyline de Beyrouth.

Les barrières de chantier matérialisent la séparation entre l’espace en devenir et la ville actuelle. Elles préfigurent de la future nouvelle unité de l’îlot et annoncent l’image du bâtiment avant qu’il ne soit achevé. Cette fine limite est soumise au passage du temps. Les barrières sont alors les témoins de l’allongement du temps du chantier (réel ou simulé) et en portent les traces.

Parées d’images photo réalistes et d’un vocabulaire particulier de la promotion immobilière, les barrières se mélangent à l’environnement quotidien de la ville. Leur moindre hauteur apporte une échelle humaine, là où la vie urbaine suit son cours, pendant qu’en arrière plan, les tours s’élancent vers le ciel, créant de nouveaux imaginaires.

[Ce projet a été réalisé avant l’explosion qui a eu lieu dans le port de Beyrouth le 4/08/2020]


Beyrouth ou le temps distendu - 2018


Publications :
Exercice #1 - Images
Revue fantôme - C’est le chantier