Emballé par Christo et Jeanne-Claude en 2021, l’Arc de Triomphe a fait l’objet d’une œuvre d’art éphémère visible pendant 16 jours du 18 septembre au 3 octobre 2021. Mais sur un projet dont l’idée initiale date de 1961, ce n’est pas l’expérience spatiale de l’édifice drapé qui en constitue l’unique intérêt. Au contraire, le montage débuté le 15 juillet fait déjà partie de l’œuvre, comme en témoigne d’ailleurs une chronologie illustrée visible sur le site internet des artistes. Tous leurs projets se développent sur de longues périodes (comptées en années) et sont autant des sujets de discussion avant que lors de leur réalisation. Ils documentent alors toutes les étapes du projet, car ce travail d’archives est ce qui reste après le démontage de l’œuvre.

Les artistes, en emballant le bâtiment, le révèlent, mettant en avant une abstraction de la forme qui omet les détails de sculpture, de bas-relief et de façade. L’architecture devient visible dans son ensemble, dévêtue de son apparente complexité. Ses formes sont synthétisées jusqu’à ne se résumer qu’aux lignes et décrochés essentiels, soulignés par les cordes en polypropylène rouge, comme par les traits d’une esquisse.

La succession de peaux joue des limites entre le matériel et l’immatériel : la structure métallique pour la protection, les échafaudages temporaires pour les travaux d’installation de l’œuvre, puis finalement la toile aux mailles suffisamment larges pour laisser passer le vent. Celle-ci évoque inévitablement les bâches de protection utilisées sur les échafaudages lors de travaux et il s’établit alors un rapport particulier entre le drapé en toile polypropylène argent bleuté et la structure métallique qui protège le bâtiment en pierre.


Arc de triomphe empaqueté - 2022